Strange Situation { PV Ibiki}

{Les pâtes de chair s’épluchent.
Les mues boutonnent nos muscles.
En attendant les mouches.
J’ai bien ouvert ma bouche.
Avalé tout le souffre~}


La musique, aussi violente soit-elle, réussissait généralement toujours à calmer les nerfs de plus en plus souvent en pelotte d'Ibiki. Comme une sorte d'éachappatoire quelque peu anachronique à son malaise grandissant. Il n'avait pas emmené sa basse avec lui, cette fois... Emo n'avait pas donné signe de vie depuis un certain temps, et cela pouvait signifier une sorte de feu vert à son obssession. Il allait finir par penser que l'autre jeune homme faisait ça pour son bien. Il était conscient de ne pas non plus faire beaucoups d'efforts pour aller dans le sens de son colocataire, mais il n'y pouvait pas grand chose au final... C'était plus fort que lui. Et puis, cela lui faisait oublier la douleur constante qu'il avait reçu en dernier cadeau de la part de ses parents. Il ne savait pas ce qu'il avait exactement, mais cela ne faisait aucun doute que ça finirait par le tuer un jour. Il ne comptait plus le nombre de nuits ou il s'était réveillé parce qu'une de ses plaies s'était rouverte sans qu'il arrive à savoir pourquoi. Il commençait à en avoir vraiment marre, et son irritation se faisait sentir grandement, et commençait à prendre une place un peu trop imposante à son gout. Lui qui avait aimé garder une certaine discrétion, son habitude désagéable prise à envoyer chier tout le monde quand il était en manque le faisait connaitre pour ses frasque pas très sympathiques... Mais cette fois il avait de quoi se calmer. Lançant un regard en coin à sa sacoche, il esquissa un sourire. Oui, c'était un junkie fini, pas capable de se démerder sans sa défonce. Voila au stade auquel il était arrivé, à 16 ans? Oui. Et le pire dans cette histoire était qu'il ne voulait pas changer. Il ne voulait plus. Il s'accrochait à ces paradis artificiels comme un bébé à son doudou, se voilant la face comme pas permis. IL était conscient de ça, mais n'avait plus envie de chercher à se sortir de là. Trop grave pour changer, il fallait bien avouer. Il renifla doucement, et se chercha un coin tranquille.

La chapelle. Un endroit déserté, bien que très beau. Peut-être le jour qui commençait à décliner lentement était-il un des principaux facteurs de ce vide soudain. Les ombres commençaient à s'étirer, rendant les lieux étrangement inquiétants. Le gamin n'osait même ps imaginer ce qu'il se passerait s'il venait à faire un bad trip. C'était pas vraiment le lieu non plus. Mais c'était le coin vide le plus sur à ses yeux. Il soupira doucement, et se mit à sillonner lentement les ruines, à la recherche d'un lieu ou se poser. C'est qu'il y en avait plein, mais Ibiki avait des critères bien précis, et bien qu'il ne sache comment les définir lui-même, il avait une vague idée de l'endroit ou il allait. Il se dirigea vers la nef, plus vraiment en état glorieux. Derrière l'autel. Ce serait sûrement une place à peu près potable, s'il voulait ne pas être vu. Les murs adjacents étaient à peu près gardés en état, et il était impossible de voir de l'extérieur s'il y avait quelqu'un sous l'autel... Il allait se poser, quand un mouvement capta son attention. Il n'était pas seul apparement. Merde. Il s'approcha doucement de la source du mouvement, et aperçu un autre garçon.... Avant de se rendre compte qu'il s'agissait de son professeur de musique. Il leva doucement ses sourcils. Son vis à vis avait l'air vraiment mal en point. Peut-être était-il malade? Soupirant doucement, le petit blond s'accroupit près du jeune homme.

-Professeur Minisuka.... Z'allez pas bien?

Ibiki sentait l'envie monter en lui. Irrépressible, atroce mais pourtant si douce... Il sentait les tremblements gagner lentement chacun de ses membres... Lentement et pernicieusement. Une pulsion soudaine et un peu étrange le fit se visualiser s'enfonçant sans pitié une aiguille dans le bras. Maintenant qu'il se trouvait dans cette situation, cette alternative était inenvisageable. Non pas qu'il éprouva un quelconque scrupule à se piquer devant un prof, mais les tremblements lui indiquaient qu'il vaudrait mieux penser à faire passer avec autre chose. Il soupira donc, essayant de calmer ses tremblements. Il avait l'impression de retomber dans sa mauvaise période, celle ou il avait besoin de s'envoyer sa dose quotidienne s'il ne voulait pas péter son câble et risquer de se prendre un pied dans la gueule direct. Cela lui rappelait le genre de bassesses auxquelles il confrontait son corps pour arriver à avoir une dose raisonnable. Cela lui foutait la gerbe de façon monumentale, et il se demandait comment il avait pu arriver à ce genre d'extrémité-la... A la réflexion, il préférait ne pas tenter de se rappeler ce genre de détails. Il n'en revenait pas d'avoir réussi a finir autant dégouté des relations charnelles, a cause d'un con qui s'était fait longtemps fait passer comme étant son sauveur. Sauveur de mes deux, ouais… Il commençait a se demander s’il n’aurait pas mieux fait de rester à la rue, au final… Ou alors ne pas quitter son « tuteur »… Ca lui aurait empêché de retrouver un quelconque sens des réalités…

Mais voila. Il y avait quelqu’un dans le petit coin d’Ibiki. Quelqu’un qui compliquait quelque peu ses plans. Il se voyait mal se préparer un rail devant un de ses profs. Qui plus est, le prof enseignant une des seules matières qui intéressait le petit blond. Il avait toujours apprécié son prof, apparemment pas beaucoup plus âgé que ça. Il n’était pas du genre à témoigner du respect pour les adultes, la vision qu’il gardait de ceux qu’il avait fréquenté n’étant pas vraiment des plus reluisantes. Minisuka-sensei devait être ce que l’on appelait l’exception qui confirmait la règle. La situation dans laquelle il le retrouvait en ce moment lui mettait un drôle de gout dans la bouche. Tout être humain avait ses faiblesses… Il se revoyait un peu devant cette image pathétique que lui offrait son prof. Il ne savait pas comment réagir face à l’information qu’il venait de capter. Son prof toxico… Ca alors… Il dut retenir vite un rire grinçant, ne voulant pas paraitre grossier. Il s’approcha un peu plus, comme une bête curieuse. Il tentait de soutenir le regard de son prof, sans grand succès. Il avait toujours eu un certain mal avec les autres, et cette sorte de mise au défit avait le don de lui faire perdre le peu d’assurance qu’il avait réussi a emmagasiner. Puis l’autre lui sortit un baratin dur, qui fit tressauter un peu l’enfant. Il se releva, et avec un sourire goguenard aux lèvres, il fit face au jeune homme et le domina de toute sa hauteur assez réduite.

-Moi faux cul ? Si je n’avais pas déjà vu que vous étiez en manque, j’aurais put penser que vous veniez de prendre quelque chose de …….. Louche ?

Il ponctua son dernier mot d’un sourire enfantin et mielleux, ce qui lui fit un peu mal aux zygomatiques. Oula, c’est qu’il n’avait plus l’habitude de sourire, le môme… >w< Il partit s’assoir sur l’autel, ne prenant plus vraiment garde à la discrétion. Il posa doucement son classeur noir sur ses petites cuisses, et commença à préparer son petit truc. La poudre blanche s’étalait sur la surface plastifiée, comme une trainée de neige sur un fond noir. Il utilisa une carte bancaire afin d’égaliser plus ou moins les lignes… Il en tapa une, avant de regarder une nouvelle fois son professeur. Il avait vraiment l’air mal en point, tel un pantin disloqué. Affichant toujours son sourire étrange, il tendit le classeur dans sa direction….

-Z’en voulez ?

Deux ou trois petites balafres blanches sur fond noir... Si les profs savaient quel était l'usage principal de son classeur de Français ces derniers temps, sur qu'il en prendrait plein la tronche... Mais la réflexion s'arretait là pour le petit, qui préférait penser à autre chose que l'avis des autres sur ses activités. De toute façon, il était déja copieusement grillé par un de ses profs, alors bon... La seule personne dont il craignait le courroux plus que n'importe quel prof était son colocataire, Emo... Malgré son physique pas vraiment très impressionnant, ce type avait toujours eu une force de conviction qui avait plus ou moins totalement échappé au controle du petit blond. Il avait beau le maudire sur plusieurs générations à chaque fois qu'il était en manque ou il repensait à leur première confrontation, il devait bien avouer que ce petit bout y était pour beaucoup, s'il était à peu près vivant aujourd'hui. Mais il devait bien avouer qu'il le plaignait quelque part... C'était vrai, quoi. Il s'essayait au changement du petit blond, mais se heurtait à un mur de coke assez monumental. Ibiki avait apprit le sens de la vie un joint au bec et la poudre au nez... Il ne se voyait pas changer maintenant qu'il était plus ou moins ancré dans cette vie pas très reluisante. De plus, il ne lui restait, s’il comptait, que deux ans avant la majorité d’un point de vue législatif français. Une bizarrerie qu’il avait béni en venant dans ce pays. Il aurait moins longtemps à se sentir dépendant de quelque chose ou quelqu’un, et pourrait ainsi construire sa vie a peu pres commme bon lui semblait. Fort de ces idées quelque peu anarchistes, il reporta son attention sur son prof de basse, qui gisait toujours pas très loin de lui.

Alors comme ça, Ibiki faisait dans la générosité ? Oui. Il avait envie de faire un effort, pour une fois. Il n’allait pas lui retirer des mains le classeur une fois le jeune homme arrivé jusqu’à lui. C’était peut-être un petit con, mais il savait très bien ce que cela faisait de refuser quelque chose de cette attirance-là à un toxico en manque. Cela faisait souvent mal, des deux cotés. Ibiki se souvint d’un jour ou il avait voulu jouer avec son tuteur, en lui piquant sa seringue juste avant qu’il ne se la plante dans le bras. Cela n’avait pas vraiment dût plaire à l’homme, de courir apres un gamin dans toute une maison, juste parce que ce petit fils de pute avait trouvé le moyen de se casser avec sa morphine transformée chérie… Le corps du petit s’en souviendrais encore longtemps, du moment qui suivit son coincage dans le grenier. Après ça, Ibiki avait toujours préféré éviter ce genre de vannes pas vraiment sûres. Un image un peu stupide de lui courant comme un dératé avec la coke, son prof se tuant derrière lui lui vint en tête, mais il secoua la tête, un peu sceptique. Il risquait de se faire clairement écharper s’il tentait ça. Mais bon, vu l’accueil vraiment chaleureux qu’il avait reçu, il lui semblait tout à fait légitime de lui faire un coup de ce genre. Il se contenta donc de continuer de sourire, laissant son classeur bien en vue. Maintenant qu’il savait qu’il n’était pas seul dans sa merde, il se sentait quelque peu rassuré. Un moment il avait cru qu’il se retrouverait comme un ovni face à tout un tas de personnes plus ou moins saines qui lui rabacheraient que fumer c’était mal, surtout quand il y avait autre chose que du tabac dans la clope, que la morphine c’était fait pour soulager la douleur, pas pour se laisser détourner en drogue, etc… Le fait que ce soit un prof le rassurait encore plus sur beaucoup de points.

Il regarda le jeune professeur aller vers lui, sans rien faire de plus. Il resta la, sagement posé sur son petit fessier. Il ne voyait pas quoi faire d’autre, de toute façon, mis a part laisser Aki venir. Un moment, la pensée qu’il ai put se tromper sur le compte du prof lui vint à l’esprit, lui arrachant un frisson de malaise. Si Minisuka n’était pas dans la même merde que lui, s’il s’était gourré royalement ? Il secoua la tête, geste qu’il avait prit l’habitude de faire, comme si cela pouvait l’aider à chasser ses mauvaises pensées. Il se surprit à trembler, même après que son prof lui ai prit le classeur des mains… Il regarda Aki se taper un rail, apparemment soulagé de pouvoir enfin completer ce manque. Ibiki esquissa une ébazuche de sourire franc, surtout quand il entendit la tirade qui s’en suivit…

-Ca a le mérite de vous faire économiser votre salive, au moins… Je ne suis pas du genre a écouter les leçons de morale, surtout venant d’un prof… Et si je ne voux ai pas descendu, c’est que je n’y voyais pas d’interet profond. Je sais tres bein ce que ça fait ce genre de trucs, et j’suis pas suffisement un connard pour vous faire ce genre de trucs…. C’est dingue, ça nan ?

Sur ces bonnes paroles, il s’allongea presque sur l’autel, sniffant un autre rail sur le classeur. Il se sentait certe un peu con a faire ça, mais il avait trop longtemps attendu pour se les tapper, ces lignes… Il releva doucement la tête, et sourit à son prof, avant d’ajouter, étrangement girellet…

-Et pis, j’vous aime bien, moi… C’est tellement rare que ça vaut bien la peine que je sois sympa, nan ?

Nouveau sourire mielleux. Il se redressa completement, laissant une place au jeune prof. Apres, s’il ne voulait pas s’assoir, c’était son probleme…

Ibiki n'avait jamais pensé qu'un jour, il se retrouverait à fournir son propre professeur. Cela frisait l'absurde total, et pourtant... Bon, il fallait dire qu'avec sa figure couverte de piercing et son allure digne de l'as de pique, Minisuka sensei défonçait à grand coup de latte l'image conventionnelle du prof respectable. Et pourtant, c'était ses cours que le petit blond avait le plus de plaisir à suivre... Avec les matières scientifiques, bien évidemment. Mais ce prof avait un truc indéniable, c'était clair. Mais le petit n'aurait sut dire quoi. Même s'il venait d'avoir une confirmation que les bonnes impressions qu'il avait sur cet homme étaient fondées. Il savait qu'il ne risquait rien à se défoncer sous les yeux de son prof, au vu de la vitesse à laquelle il s'était enfilé le rail. Maintenant, c'était un peu quitte ou double. Si un d'eux balançait, l'autre pouvait répliquer de la même façon. Ou alors personne ne disait rien et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. C'était une solution envisageable aussi. Et sûrement bien plus agréable à faire, comme démarche. En tout cas, Ibiki espérait que son professeur adoré soit de cet avis. Ce qui devait normalement être plutôt évident, vu que son prof ne tenait sûrement pas à se faire pincer non plus, et vu qu'il semblait être quelqu'un d'assez intelligent, ou en tout cas futé, il ne pensait pas qu'une action aussi débile et lourde de conséquences serait orchestré de son coté a lui. Tant mieux. C'était préférable pour les rapports prof élève, ça. En tout cas pour les leurs.

Il n'allait pas faire payer son prof. Il n'en avait jamais eu l'intention. Il commençait à peine à saisir les notions d'argent à ce niveau-là, n'ayant jamais eu besoin de payer en liquide ce qu'il consommait. Mais ce n'était pas sûr que payer en nature soit préférable. Loin de là, même... Nan, au final, il aurait aimé prendre de sa poche plutôt que de sa personne. Mais allez expliquer cela à un prof, même si ce dernier commence à gagner votre confiance petit à petit sur certains points. Ce qu'il avait fait, ça pouvait se rapprocher de la prostitution. Non, c'en était même clairement.. C'était ignoble de se dire ça. Il n'avait pas réalisé auparavant, et maintenant, cela faisait désordre dans son petit cerveau malade. Il n'avait pas envie de penser à ça. Il n'avait pas envie que cette partie des faits ai jamais existé. Mais il était purement conscient qu'il ne pourrait rien effacer, et qu'il devrait se contenter d'essayer de dissimuler ça derrière un peu de matière grise, à défaut de pouvoir oublier. Il savait que c'était impossible. Sans ça, il aurait déjà tout oublié, et serait devenu un jeune normal. Et aurait aussi perdu toute sa substance en tant qu'être humain. Il serait devenu plat, sans aucune ''saveur'', et aurait beaucoup d'emmerdes en moins. Il se ferait pas emmerder. Mais même cette alternative ne lui plaisait pas. Ce n'était pas le fait d'être fade, il ne s'en rendrait pas compte de toute façon... C'est comme pour les cons, ils savent rarement qu'ils le sont, à moins que on le leur dise clairement... Et encore. Non, en fait il devait bien avouer qu'il se complaisait plutôt dans cet espèce de désordre ambiant au niveau de ses pensées. Cela lui procurait un certain confort, et l'excuse d'être mentalement dérangé pour beaucoup de choses. C'était pratique, de se justifier de cette façon. Ça te ruinait un peu ta réputation, mais à partir du moment ou tu n'as plus rien à défendre, cela perd de son importance. Et de loin. Donc à ce niveau-là, le petit blondinet était plutôt tranquille, il avait toujours eu mauvaise réputation, alors cela n'allait pas changer grand chose. Il resterait Ibiki le junkie, celui que les gens avaient du mal à blairer, pour une raison X ou Y. Le petit Kekkan, celui qui emmerdait le monde plus ou moins volontairement. Et il n'allait pas changer sa manière de faire. Tant qu'à garder ses souvenirs... Autant garder le reste. Il se mit dans une position un peu plus confortable, bien que toujours d'une grâce un peu déficiente, au vu de son affalement sur l'autel. Il fit glisser doucement le classeur vers Aki, lui lançant un regard interrogateur. S'il en voulait, il ne fallait pas qu'il hésite. Et puis, le regard d'envie du prof vers la poudre fine et blanche ne lui avait pas échappé. Il n'avait pas l'intention de couper les vivres non plus. S'ils avaient commencé ensemble à taper, autant finir sans diminuer les effectifs. Et puis bon, un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal pour ce genre de choses, exit la perspective des comportements douteux dus à la drogue. Et s'il lui prenait de drôles d'envies? En compagnie d'un prof? Plutôt bannir cette mauvaise pensée avant qu'elle ne devienne prédominante. Cela allait gâcher le plaisir en lui-même. Il mit donc cela de coté, et écouta son prof, qui lui demandait quand il avait commencé. Il soupira avant de lâcher avec un petit soupir. Il ne savait pas comment commencer. Parce que cela pouvait être prit sous plusieurs angles, et il allait falloir fouiller un peu dans sa vie pour expliquer telle ou telle chose. Pas vraiment plaisant... Mais après tout, Ibiki n'avait rien à perdre. Il prit donc son courage à deux mains, et commença, un peu scabreux de prime...

-Bah, ça dépend si vous voulez la version officielle ou officieuse... Officiellement, j'ai commencé à 14 ans, après avoir été lâché dans la nature... Mais de façon plus indirecte, on va dire que les saloperies dont on me bourrait à l'hosto depuis petit m'ont en quelque sorte préparé... Mais je crois que c'était un mal nécessaire, au final. Et vous?

Il plongea son regard un peu vitreux dans celui de Aki. Il ne savait vraiment pas pourquoi il prenait la peine de confier ce genre de problèmes à son prof. Il n'avait pas envie de chercher, au final... Cela pouvait attendre. Après tout, cela pouvait toujours le soulager, qui sait...

Si un jour on avait dit à Ibiki qu'il en viendrait à fournir un prof en came, il aurait sûrement rit au nez de ce quelqu'un. Maintenant que ça lui arrivait, il détonnait de ne pas trouver ça plus anormal que ça. C'était vrai, à la fin, cela n'avait absolument rien de commun de taper un rail avec son professeur de musique. Et pourtant il n'avait pas jugé bon de relever ce fait. Il se retrouvait même à apprécier la compagnie d'Aki, ce qui était tout sauf habituel chez lui. En règle générale, il était plus du genre à éviter le maximum les autres, surtout dans la mesure ou il était complètement pété, ou en passe de l'être, comme c'était le cas en ce moment précis. Bon, ce n'était pas non plus comme s'il s'agissait d'un prof normal, prônant une certaine sainteté de corps et d'esprit, mais tout de même.. C'était peut-être un des rares profs qui trouvait grâce à ses yeux, mais il y avait des limites à la confiance élève/professeur, du moins au goût du petit blond. Il était conscient qu'il allait devoir se montrer complètement déchiqueté devant lui, et ne savait pas encore s'il pouvait lui faire suffisamment confiance pour laisser passer ce genre de trucs. C'était un prof, c'était de son devoir de faire gaffe à ses élèves, mais c'était surtout son propre panel de réactions qui le faisait baliser comme un malade. Il allait sûrement se mettre à raconter ce qui lui passait pas la tête, et là ça allait être une catastrophe pas possible. Il secoua la tête, tentant de chasser ce genre d'idées de sa tête. Il n'y avait aucune raison que ce genre de trucs arrive, il avait toujours su se contrôler en présence d'autres personnes, il n'y avait pas de raisons que cela foire cette fois, non?

Il observa du coin de l'œil son camarade de défonce improvisé. Il se demandait s'il allait s'en sortir comme lui, ou s'il allait finir comme tout ces déchets de fond de cale, enfoncés jusqu'à la moelle dans la merde profonde d'un caniveau ou d'un squat.. Il penchait plutôt pour la deuxième solution, même s'il avait des projets d'avenir et tout ce qui allait avec. C'était dégueulasse à dire comme ça, mais c'était la vérité. Il avait beau avait un QI lui permettant largement d'aller en fac de médecine, il était moins que sûr que le reste tienne la route.. Pour ce faire, il faudrait déjà qu'il baisse son espèce d'addiction à la merde, ce qui était loin d'être un pari surmontable.. Du moins, pour le ''lui'' de l'heure actuelle, c'était presque mission impossible. Il avait beau s'accrocher à ce rêve, les seules visions que lui procuraient la pensée de devoir travailler dans une morgue étaient constituées de seau d'eau de Javel et de seringues... Pas vraiment reluisant, il fallait bien l'avouer. Il détestait entre autre ses vieux pour lui avoir sapé son rêve le plus tenace de la sorte. C'était tellement absurde que cela en devenait triste à pleurer.. Mais il y avait bien longtemps qu'Ibiki n'avait plus l'option lacrymale autrement que complètement déchiqueté... Et Dieu s'il n'en était pas encore arrivé à ce point-là...

Aki avait prit le classeur avec lui, et se tapait tranquillement quelque rails sous le regard envieux du petit... C'était la première fois depuis longtemps qu'il se retrouvait à se camer avec une autre personne que lui, c'était plutôt étrange. Auparavant, c'était son tuteur qui prenait du ''bon temps'' avec lui, et il n'avait pas vraiment l'occasion d'apprécier ce genre de compagnie.. Loin de là, même. Alors il devait bien avouer qu'il se trouvait presque... mal à l'aise avec son prof? Peut-être pas rendu à ce point, mais on n'en n'était pas loin du tout.. Il regarda le corps près de lui s'affaisser sur l'autel, le trieur noir toujours posé sur les cuisses, ce qui le fit loucher légèrement de ce coté-ci.. Il fit changer doucement de position à son petit corps endolori, et se pencha sur le corps d'Akihito, avant de se taper un rail. Pas question d'attendre que l'autre commence à descendre pour se servir encore, non mais.. Il devait tout de même avouer que leur position actuelle pouvait porter à confusion, vue de loin. Dans tous les cas de figure, ce qu'ils faisaient était assez mal, niveau moral, alors une interprétation de plus, une interprétation de moins, cela allait sans dire qu'ils n'étaient plus à ça près.. Ibiki regarda d'un air un peu vide le bas ventre de son professeur, vaguement découvert. S'il avait des pensées peu saine? Pas vraiment.. Le fait était qu'il se trouvait présentement un peu trop dans le brouillard pour espérer aligner deux pensées cohérentes assez vite pour que cela paraisse humain. Vu d'ici, la peau de son professeur paraissait tellement douce.. Il soupira doucement, et leva la tête vers les vitraux en état, subissant les assauts répétés d'une pluie un peu trop violente pour eux, sûrement. Et pourtant, ils allaient peut-être tenir le coup, et continueraient leur office de vitraux, dans cette chapelle en ruine. Ils continueront de faire joli dans un endroit déserté des autres, dans toute la vanité de leur condition de vitraux qui ne servent à rien. Au final, Ibiki se dit qu'il y ressemblait pas mal, à ces morceaux de verre coloré. Lui aussi faisait un peu décor potiche, dans ce monde en déconstruction qui n'avait plus lieu d'être, de manière objective. Il se rendit à peine compte de la bêtise orchestrée dans sa petite tête, et se redressa un minimum, écoutant la petite histoire que son prof s'était décidé à conter sur sa propre vie. Assez peut reluisante, elle aussi. Mais au moins, cela avait le mérite d'être clair.. Son existence entière avait été une merde sans fond, et Ibiki se dit qu'il devait vraiment avoir beaucoup de courage pour l'avoir endurée jusqu'ici. Il se fit glisser à coté de lui, et adopta la même position allongée que lui, lui souriant vaguement..

-Ça change du gosse de bourgeois que j'ai put être au début de ma vie, tiens.. Vous devez avoir une putain de volonté, j'imagine...

Il lâcha un rire cristallin, qui n'avait pas vraiment lieu d'être, et qui se répercuta un moment sur les murs de la chapelle, avant de se perdre dans les profondeurs de l'édifice. Il se sentait doucement partir... Il fallait dire qu'il avait déjà prit quelque chose avant, et que la coke n'était pas pour arranger son cas. Et puis il avait de drôles d'idées derrière la tête, aussi.. Il se tourna à nouveau vers son prof. C'était vraiment criminel de se contenter du métier d'enseignant, avec un corps pareil. Pensée échantillonneuse de ce qui pouvait lui traverser l'esprit. Se relevant souplement sur les avant bras, il posta son visage au dessus de celui de son professeur, et posa ses mains de chaque coté du crâne de ce dernier, un sourire angélique aux lèvre..

-Et dites-moi.. Pourquoi avoir choisi un métier aussi rasoir que professeur dans un lycée d'attardés tels que nous..

Nouveau rire d'enfant. Parfois, Ibiki avait une palette de réactions assez étrange, et la drogue qui circulait un peu partout dans son petit corps était plus pour exacerber ceci qu'autre chose..